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L'anatomie du clitoris

Scienticlit

           Voici à quoi ressemble le clitoris humain ! Sa représentation est le fruit d'une longue histoire scientifique. Le clitoris est évoqué en Grèce ancienne. Puis au 16e siècle, son anatomie quasi complète est trouvée par des scientifiques. Mais il faut attendre 1998 (année de commercialisation du viagra!) et le travail d'Helen O'Connell (urologue) pour que l'anatomie devienne une vérité scientifique. 2016 marque l'année de sa modélisation 3D par Odile Fillod (sociologue) et 2017, son intégration à un manuel scolaire (éditions Magnard) suite au travail des militantes féministes.
A l'heure actuelle, les scientifiques n'ont pas encore découvert tous les mystères du fonctionnement de cet organe, mais voici une certaine base de savoirs qui te permettra de repérer les intox (attention, elles sont encore très nombreuses, notamment sur les réseaux sociaux).
 
Commençons par l'anatomie. Le clitoris humain est un organe commun aux personnes qui ont une vulve. Son origine embryonnaire est la même que le pénis. Il se compose d'un gland ("visage" du personnage ci-dessus), de piliers ("bras"), de bulbes ("jambes"), d'un corps ("cou") et d'un plexus ("torse"). Un peu comme un iceberg, la plus grande partie du clitoris est immergée sous la vulve. Seul son gland ("visage") est extérieur et peut être observé à l’œil nu.
D'après les études scientifiques actuelles, le clitoris humain mesure en moyenne 7 à 13 cm, mais il faut garder en tête que sa taille globale et celle des éléments qui le composent (ex. gland) peuvent varier d'une personne à l'autre. Comme pour les vulves, retiens que la diversité reste de mise !
Chez l'humain, le clitoris est positionné à cheval sur l’urètre (canal qui sert à faire pipi représenté ici par un point jaune) et le vagin qu'il n'entoure pas complètement (représenté en vert plus foncé entre les "jambes" du personnage).

Chez l'être humain, le clitoris assure une seule fonction : le plaisir*. Sa position dans le corps et les terminaisons nerveuses qui le composent font de lui la zone de plaisir la plus sensible du corps (il y en a d'autres). 
Sa mécanique est la suivante : lorsqu'il est bien stimulé, le clitoris reçoit des afflux de sang qui le font gonfler et se dresser, et par le biais de ses terminaisons nerveuses, il envoie des messages qui provoquent du plaisir. Lorsque le plaisir est intense, il peut mener les personnes à l'orgasme (un moment souvent accompagné de spasmes), voire à l'éjaculation (qui sort par l'urètre). Le clitoris réagit à deux types de stimulations: externes (gland, vulve) et/ou internes (pénétration). Ici nous parlons des aspects mécaniques, mais il est important de garder à l'esprit que d'autres choses interviennent dans le plaisir : l'envie et le consentement (pré-requis!), l'implication des autres zones de plaisir du corps (qui varient selon les personnes et supposent une bonne connaissance de soi-même et de l'autre), la disponibilité mentale et émotionnelle, la confiance, l'imagination, etc.
Quand on dit que l'unique fonction du clitoris est le plaisir, il faut comprendre que biologiquement parlant, la clitoris ne tient aucun rôle direct dans la reproduction ni la détermination du genre
Le clitoris n'intervient pas dans la procréation : il est possible de prendre du plaisir lors d'un rapport sexuel sans tomber enceinte (quand on se masturbe, quand il n'y a pas d'éjaculation ou qu'on utilise une contraception), et inversement, de tomber enceinte sans plaisir sexuel (ex. insémination artificielle, viol).
Concernant le genre, il doit être distingué de l'attribut sexuel (mâle, femelle, intersexe). Le sexe et le clitoris sont biologiques (issus du processus de sexuation). Le genre est social : il dépend de la manière dont on se perçoit et les autres nous perçoivent. En France et dans plein d'autres pays, on estime que les personnes nées avec un clitoris sont des femmes. Toutefois cette façon de penser n'est pas partagée partout et elle n'a aucun fondement biologique. C'est pourquoi dans le Clitionnaire on parle des personnes à vulve, et que les dessins des clitoris mettent en scène des personnages féminins, masculins et non-binaires.

Tenant compte de tout cela, peut-on dire que le clitoris est l'équivalent du pénis ? On a vu que le clitoris a la même origine embryonnaire que le pénis et qu'ils partagent tous deux de nombreuses similitudes anatomiques, mais il n'est pas possible d'affirmer que le clitoris est l'équivalent féminin du pénis ou son équivalent interne (ils ont tous deux une partie interne et externe). Il est scientifiquement également faux de dire que le la "tête" du clitoris est l'équivalent du pénis, et ses bulbes ("jambes") des équivalents des testicules. Ou encore qu'ils font la même taille : le pénis est en moyenne plus grand que le clitoris.

Alors maintenant que tu sais tout de l'anatomie du clitoris, à ton avis, quel élément de description est faux sur le dessin ?

Pour aller plus loin

  • Sur les trucs et astuces de la mécanique du plaisir, je te conseille Jouissance Club de Jüne Plã

  • Pour mieux visualiser la position du clitoris par rapport à son environnement, je te conseille cette petite vidéo (Instagram) de Charline Vermont du compte Orgasme et moi.

  • Pour vérifier les intox autour du clitoris, je conseille d'aller sur Clit'info, le blog d'Odile Fillod (ce n'est pas facile à lire, mais les informations sont très fiables).

  • Pour réviser tes cours de SVT, tu peux regarder les vidéos d'Odile Fillod ici.


 

 * ll est possible que le clitoris assure d'autres fonctions (anti-douleur par exemple) mais à ce jour, aucune étude scientifique fiable n'en a mise  en évidence. Sur les réseaux sociaux, est souvent évoqué une recherche qui prouverait sa fonction reproductrice (Roy Jerome Levin 2019). Néanmoins cette étude est à prendre avec beaucoup de pincettes car le chercheur confond l'excitation sexuelle ("paysage du plaisir") avec la stimulation du clitoris (élément parmi d'autres du paysage). 


 

Sources :


       Odile Fillod (sociologue des sciences), blog Clitinfo'
    Marie Chevalley (docteure en médecine), 2021, État des lieux des connaissances de l'anatomie et de la physiopathologie du clitoris chez les médecins en France, thèse en médecine à l'Université de Strasbourg.

       Roy Jerome Levin, 2019, The clitoris - An appraisal of its reproductive function during the fertile years : why was it, and still is, overlooked in accouts of female sexual arousal.

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